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Réconciliation Universelle - Le blog d'Esh

Martinésisme et tradition astrologique - Les planètes (1/3)

26 Mars 2023, 17:24pm

Publié par Esh494

Dessin philosophique de Prunelle de Lière - T.4188-08 (10)

Dessin philosophique de Prunelle de Lière - T.4188-08 (10)

Les planètes ont une importance majeure dans les travaux des Élus Coëns qui les placent dans des régions précises de leurs tracés à l’occasion de leurs travaux. On les retrouve dans les cercles de correspondance, souvent sous la forme de caractères planétaires, mais aussi dans les cercles d’opération eux-mêmes sous la forme de leurs sceaux ou des caractères et hiéroglyphes des esprits, intelligences et intellects qui les dirigent. Ces planètes jouent un rôle particulier dans les opérations de réconciliation de l’opérant ainsi que dans la jonction spirituelle qu’il souhaite opérer avec les esprits appelés à participer au travail théurgique. Il existe donc certainement des correspondances entre l’homme, les planètes et les esprits siégeant dans les régions supérieures. Mais comment les aborder ?

Des correspondances des planètes avec les formes corporelles

Dans une Instruction Secrète[1], destinée aux Réaux Croix, Martines de Pasqually développe la correspondance des formes corporelles avec lesdites planètes. Examinons ce qu’il nous enseigne.

Nous allons parler des quatre signes naturels [planétaires] et propres à la correspondance du corps de l'homme, lesquels ont coopéré à sa formation ou conception.

Le premier signe est Saturne, comme chef de la correspondance des corps terrestres avec les corps célestes.

Il convient de nous entendre sur ce que Martines appelle corps terrestres et corps célestes. On entend par corps terrestres tous les corps formés sur la terre (hommes et animaux principalement, le végétal étant considéré comme une émanation de la terre) et par corps célestes les corps formés dans l’immensité céleste, c'est-à-dire les planètes.

Saturne est donc présentée comme la planète portant la faculté particulière de gouvernement des correspondances de l’homme - considéré comme forme corporelle - avec les planètes du ciel. Elles sont, pour Martines, au nombre de sept selon l’usage retenu dans l’astrologie traditionnelle occidentale du Moyen-Âge qui ignorait encore les trans-saturniennes (Neptune, Pluton et Uranus). Saturne est donc une planète qui, a contrario des six autres, ne semble pas agir directement sur les facultés corporelles, ou bien encore sur les corps eux-mêmes.

Cette planète gouverne l’action des planètes sur la terre ainsi que sur toute création particulière terrestre. L’instruction se poursuit :

Il [Saturne] est la planète la plus grande et la plus élevée d'entre toutes les autres, qui ont été présentes et coopérantes par leur action spiritueuse aux formes de tout corps.

De la prééminence de Saturne

Saturne occupe une place à part. Plus élevée, son rôle est donc différent. Quant aux autres planètes, elles agissent sur les formes corporelles relativement à leur formation, leur entretien ou végétation, leur reproduction et leur décomposition. Elles y coopèrent par leur qualités premières (chaud, froid, sec, humide) ainsi que par leur mouvement, ou cycle, et les propriétés particulières à chacune selon les êtres spirituels qui la dirigent et l’âme[2] qui l’anime. Ce dont le texte nous instruit par la suite. Mais continuons avec Saturne :

Cette planète domine non seulement sur toutes les autres planètes du monde temporel, mais même sur le monde spirituel, parce qu'elle contient en elle le spirituel divin universel ce qui la rend la plus éminente des sept planètes temporelles que nous connaissons, en la considérant par son principe céleste et par la surface qu'elle présente à la terre [comprendre son action sur la terre] et par son titre de prééminence.

Martines attribue à Saturne un nouveau rôle vis-à-vis cette fois des agents spirituels. Elle domine sur eux, ce qui peut paraître fort étonnant. Sur tous ? Ces agents sont distribués en classes et il paraît peu probables que Saturne puisse dominer sur les classes les plus élevées dont l’action est spirituelle-divine, entendons les esprits dénaires. Sachant par ailleurs, que les planètes sont gouvernées par des esprits septénaires et ternaires agissant sur leurs âmes, il est probable que Saturne établisse sa domination sur eux en ce qui concerne le gouvernement des formes corporelles. Dans sa capacité à gouverner les êtres spirituels attachés aux planètes, on peut établir une analogie entre Saturne et les esprits majeurs qui président à l’action des esprits inférieurs ternaires, sénaires et novénaires qui sont appliqués à la formation, à l’entretien et à la décomposition de toute forme de matière. Puis l’instruction précise :

Il faut de toute nécessité que la planète de Saturne substantie et alimente par sa puissante influence les vertus spiritueuses de toutes les autres planètes inférieures et mineures à elle par ses trois correspondances terrestres, célestes et surcélestes. Ces trois correspondances prouvent que Saturne est spirituel et supérieur aux autres planètes avec lesquelles il correspond.

La capacité de domination vient de la place élevée de Saturne. Selon le tableau universel de Martines, Saturne est en jonction avec l’immensité surcéleste. Sa place est donc sur la ligne centrale de la création et donc en aspect direct avec le cercle des esprits dénaires par lequel elle se trouve en aspect avec l’immensité divine. D’où sa capacité à recevoir le spirituel divin universel qui est l’âme du monde. A la limite des deux mondes, Saturne est le pontifex entre les mondes supérieurs et le ciel. Du fait de cette même position, elle est aussi en aspect de toutes les autres planètes ainsi que de la terre. Son action se porte donc aussi bien sur les êtres spirituels que sur les corps célestes et terrestres. Poursuivons avec Saturne :

Aussi, les sages le nomment-ils le médiateur élémentaire universel parce qu'il se manifeste au centre des six planètes ; ce que Moïse et Salomon nous ont figuré par l'arrangement des lampes du chandelier à sept branches. Moïse et successivement les neuf prêtres du temple de Salomon faisaient différentes transpositions de ce chandelier dans le Temple, pour l'instruction du peuple. Tantôt ils le posaient sur leur gauche pour désigner l'instruction temporelle, tantôt sur leur droite pour désigner l'instruction spirituelle. Par cette transposition figurative, la planète de Saturne était doublement puissante, se joignant aux trois planètes mineures et aux trois majeures.

Contrairement à la tradition, Martines ne situe pas le Soleil au centre du chandelier, mais Saturne. Compte tenu de ce qui est dit des permutations et de leur signification, les planètes mineures et majeures sont distribuées sur les autres branches du chandelier, de part et d’autre de Saturne.

Elle avait, par sa jonction aux trois planètes mineures, le nom de puissance quaternaire, puisqu'elle faisait spirituellement le centre de ces planètes qui actionnaient par leurs aspects sur les trois essences animales contenues dans la matière indifférenciée, parce que cette matière, dans son principe, dépourvue de vertu et puissance de vie, ne pouvait et ne peut concevoir son origine sans une puissance spirituelle supérieure à ses trois essences animales, qui sont passives et sans connaissance ni puissance.

De la puissance spirituelle de Saturne

Saturne est une puissance quaternaire au centre des planètes, comme le quaternaire se trouve au centre de la terre pour en former et diriger l’existence et l’évolution ainsi que celle de tous les végétaux qui en émanent. En tant que puissance elle contient l’archétype des formes, leur modèle et leur identité. Elle les transmet aux autres planètes comme une matrice dans laquelle elles informent leur action.

Le gouvernement de Saturne est spirituel. En effet, cette planète agit sur l’âme des planètes tout comme le quaternaire de l’homme devait diriger le corps et l’âme avant qu’il ne soit réduit à une infirmité d’action par la chute. Saturne est comme l’esprit des planètes, mais elle est aussi l’être spirituel qui dirige les esprits qui les gouvernent, comme l’esprit bon compagnon qui conseille et éclaire l’homme mais qui est lui-même éclairé par l’esprit divin.

Les trois essences animales sont 1° le mercure qui applique au principe terrestre, solide et à la partie osseuse de l’homme ; 2° le soufre qui s’applique au principe fougueux, à ce qui est subtil et fluide et donc au sang car il ne peut s’appliquer que sur des fluides ; 3° le sel qui s’applique au principe humide c'est-à-dire aux enveloppes qui épousent les formes - ou matrices – définies, et donc à la chair. Ces essences doivent être organisées et mises en action selon des lois définies en nombre, poids et mesures qui doivent présider à la formation et l’entretien des formes corporelles. Saturne est le transmetteur desdites lois vers les autres planètes qui actionnent alors sur lesdites essences, selon leurs propriétés et vertus particulières, afin d’opérer la formation et l’entretien des corps. Mais, pour cela, Saturne aura dû préalablement appliquer sa matrice, dans laquelle chaque planète informera les essences animales. Ce rôle très spécifique s’ajoute à celui des esprits septénaires qui inscrivent leurs lois, ainsi qu’un principe de vie animale, dans les véhicules de feu incréé de l’axe central (véritable influx spiritueux) produits par les esprits inférieurs ternaires. Ces véhicules de feux s’insinuent entre les principes élémentaires et les organisent en éléments, comme ils composent ces derniers en matière élémentaire. Ces véhicules de feu donnent aussi une vie passive animale aux formes créées.

Les principes qui régissent la fixation des propriétés des formes corporelles ainsi que la constitution et entretien desdites formes sont ainsi analogues à ceux qui régissent la formation de la matière élémentaire qui donne substance auxdits corps.

Du rôle dévolu aux planètes mineures selon leurs qualités premières

Marines continue son instruction :

Nous nommons planètes mineures celles qui sont les plus près de notre surface terrestre, qui la substantient, l'actionnent et la dirigent, comme ils l'ont fait dans son premier principe de forme dans tous ses produits corporels. Ce sont Jupiter, Mars et Vénus. Jupiter putréfie pour reproduire, Mars fermente pour la végétation, Vénus modère, par son fluide raréfié par l’activité des deux autres planètes, la matricule ou la matière qui doivent servir à la conception et formation des différentes formes corporelles.

Référons-nous aux enseignements de la tradition astrologique. Il existe deux principes radicaux, le chaud et l’humide. Ces principes, composés et modulés, donnent des qualités premières, dites élémentaires, qui se retrouvent dans chaque planète - ainsi que dans les signes du zodiaque - et dont ils constituent un attribut. Selon ladite tradition, Jupiter est chaud et humide, sa chaleur irradiant sans brûler et son humidité tempérant et amolissant et désagrégeant, toutes choses nécessaires à la putréfaction et indispensables à la germination, et donc la formation (si le grain ne meure…)[3]. L’astre est aussi significateur général de la capacité à avoir des enfants, à assurer une gestation et donc de la faculté de reproduction. Mars est chaud et sec, vivement irradiant, excitant chose indispensable à la fermentation qui transforme les corps. Vénus est froid et humide. Ces qualités sont modérées par l’activité plus chaude des autres planètes ce qui fait passer le liquide au gazeux. La planète est modératrice dans sa douceur. Ce rôle de tempérance s’exerce par le froid qui contient l’échauffement induit par l‘action et réaction réciproque des autres planètes ; son fluide raréfié s’insinue dans tout et permet ce rôle modérateur. En tant que significateur général elle se rapporte aux organes et tissus reproducteurs qui permettent la conception et formation initiale des corps.

Ces trois planètes mineures sont celles qui ont actionné sur la première matière du chaos, pour la disposer à prendre ou produire des formes corporelles. Elles ont également coopéré aux trois essences animales. Ces deux opérations se sont faites par leur jonction avec Saturne. Mars dirigeait l'essence animale première, qui est le mercure ; Jupiter la deuxième, qui est le soufre ; Vénus la troisième, qui est le sel.

La matière du chaos était originellement constituée d’essence indifférenciées. Les planètes ont donc eu une action sur ce chaos afin de l’organiser, dans un premier temps en y différenciant différentes essences animales. Mars, dont la chaleur sèche durcit et rend friable et cassant, correspond bien au principe terrestre du mercure ; Jupiter, dont la chaleur modérée et humide irradie et réchauffe de façon fluide, s’applique bien au principe fougueux du soufre ; enfin l’humidité froide de Vénus s’applique bien au principe humide du sel. Martines conclut, relativement à l’action corporelle matérielle des planètes :

Les opérations et actions de ces trois planètes sur toute espèce de corps matériel les ont fait nommer mineures et matérielles. Saturne, par sa jonction avec les trois planètes mineures, est l'âme active et puissante sur l'opération et l'action corporelle de ces mêmes planètes, vis-à-vis desquelles il est ce que l'âme est aux trois essences animales.

Saturne est ici identifiée à l’esprit majeur qui commande et gouverne les esprits inférieurs ternaires qui produisent les principes élémentaires.  Saturne est aussi considérée comme analogue au feu incréé de l’axe qui véhicule les lois des corps c’est-à-dire leur composition en poids, nombre et mesures, leur mouvement, et leur donne leur énergie vitale. Saturne joue ainsi le rôle de l’âme impassive animale qui organise, gouverne et donne vie aux corps. Ce qui est aussi, selon la tradition chrétienne, l’économie de l’Esprit Saint dans la création.

Ayant vu les correspondances des planètes mineures avec les formes matérielles, ainsi que le rôle particulier de Saturne à leur endroit, Martines nous invite alors à considérer les autres planètes dites majeures.

 

Á suivre.

Vous désirez consulter ?


[1] BMG, Fonds Prunelle de Lière, Ms.4126

[2] L’âme d’une planète en définit le mouvement - ou cycle - ainsi que les qualités et attributs.

[3] Dans son Traité sur la réintégration des êtres, Martines explique le phénomène de dissolution et de putréfaction des corps, en mettant en avant le rôle de la chaleur et de l’humide radicaux (chapitre 71 de la version Diffusion Rosicrucienne, 1995 préfacée par R. Amadou).

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