Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Réconciliation Universelle - Le blog d'Esh

El rito escocés rectificado. Un camino de vida

5 Octobre 2021, 15:41pm

Publié par Esh494

El rito escocés rectificado. Un camino de vida

La sortie d’un ouvrage de Pascal Gambirasio d’Asseux est généralement un événement important pour tout cherchant, et plus spécifiquement pour ceux qui poursuivent une voie initiatique intérieure et chevaleresque. Ses différentes publications relatives à la chevalerie et à sa Noble Science ont guidé, et guident encore, nombre d’hommes en quête d’un idéal et de leur être profond. La voie du blason, L’homme de lumière et Le miroir de la chevalerie sont devenus des ouvrages de référence dans ce domaine.

El rito escocés rectificado, un camino de vida, préfacé et traduit par Ramon Marti aux éditions Editoriales Masonica, ne pouvait donc que réjouir un amoureux de ce rite maçonnico-chevaleresque chrétien si particulier.

De christianisme, il en sera en effet essentiellement question. Et plus particulièrement des voies mystiques et initiatiques chrétiennes qui, comme le dit très justement l’auteur, se côtoient, s’approchent, guidant vers le même but sans jamais se confondre dans leurs modalités et les exercices spirituels qu’elles proposent. La voie initiatique, est-il répété, est du domaine de l’ésotérisme chrétien, au sens de l’esoterikos, c’est à dire une voie intérieure. Ceci est très juste et méritait d’être précisé. Et, l’auteur de poursuivre que cet ésotérisme chrétien trouve sa plénitude dans la kabbale juive éclairée par les mystères du christianisme. Cette kabbale, dite chrétienne, englobe l’ésotérisme chrétien et doit logiquement se retrouver dans la doctrine rectifiée qui est, par nature, métaphysique et ésotérique.

L’auteur explique alors longuement que, du fait de son essence chrétienne, la doctrine ésotérique ne peut s’éloigner des dogmes chrétiens et doit même y être conforme en tous points. Reste à définir quels sont les dogmes considérés qui, eux-mêmes, doivent être communs à l’ensemble des confessions chrétiennes, le rite rectifié étant aconfessionnel. Ces dogmes se trouvent exposés dans les différentes professions de foi, symboles et crédos des conciles des premiers siècles ; raison pour laquelle l’auteur considère que l’enseignement du rite doit se conformer au Credo.

Se présentent alors au lecteur plusieurs problèmes. Tout en déclarant que le Régime rectifié s’arrête à sa seconde classe - dite chevaleresque -, l’auteur présente l’existence d’une 3ème classe, non officielle, dite de la Profession. Cette classe a pour objet d’exposer, à un très petit nombre, la doctrine complète du rite donnant l’explication des symboles, allégories et emblèmes des rituels de la classe maçonnique. Mais, selon l’auteur, certaines propositions de ladite doctrine, basées sur les enseignements métaphysiques de Martines de Pasqually, repris et rectifiés par Jean-Baptiste Willermoz, poseraient de graves problèmes vis à vis des principes de la foi chrétienne. Faisant de plus remarquer, à juste titre, que cette classe n’a jamais été officiellement reconnue, et que Willermoz a toujours tenu son existence secrète, il en conclut deux choses : primo, que cette classe étant tenue secrète, et n’étant donc pas ouverte à tous, ne peut être régulière au regard du Régime ; secundo que, si ce secret est gardé si scrupuleusement c’est parce que les enseignements de celle classe posent un problème et qu’il faut les rectifier.

Ce sont là deux incompréhensions majeures.

La première consiste dans la critique du caractère secret de ladite classe entrainant son exclusion du Régime. L’auteur semble ignorer, qu’initiatiquement parlant, tout ne peut être ouvert à tous, car tout le monde n’est pas prêt à entendre des propositions nouvelles qui, la plupart du temps, ne sont pas présentées et commentées par l’Église (mais connues d’elle) : « Je vous ai donné du lait à boire, non de la nourriture solide, car vous n'en étiez pas capables, et vous ne l'êtes pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels (1Co 3, 2). » En d’autres mots, il n’est pas bienfaisant de perturber, par des questions métaphysiques et théologiques complexes, la plupart de ceux qui trouvent leur plein épanouissement dans une foi ardente vivifiée par leur pratique initiatique dans les deux premières classes du Régime. Et ceci, même si lesdites questions ne contreviennent à aucun des articles de foi présentés, explicitement ou implicitement, dans lesdites classes. En revanche, ceux qui montreraient de l’appétence et un profond désir d’approfondissement de leurs connaissances pour approcher de plus près, dans leur cœur, les mystères de cette foi, seront appelés à aller plus loin. Telle était la position de J-B Willermoz - exposée dans l’ouvrage L’épopée des CBCS et de leur Profession[1] - qui souhaitait la confidentialité la plus grande afin de ne pas être importuné par les curieux et indiscrets qui auraient pu faire valoir leur droit d’accès à ladite classe. L’exclusion de celle classe du régime du fait de son caractère secret serait donc un abus.

La deuxième incompréhension se manifeste par l’appréciation erronée des instructions de la Profession que l’auteur considère comme contraires aux enseignements des classes antérieures. Il qualifie cette prétendue contradiction d’« escroquerie spirituelle » (sic), et appelle à la récusation des instructions et au rejet de la Profession.

Avant de traiter ce point, il convient de noter la contradiction dans laquelle l’auteur se place. Car, de deux choses l’une : soit la classe de la Profession est dans le Régime, et alors il est pertinent de se pencher sur le contenu de son corpus doctrinal ; soit elle y est extérieure, et doit être considérée comme un cercle ésotérique indépendant dont les enseignements ne devraient pas avoir à être considérés dans le rite rectifié qui s’arrêterait aux instructions morales, catéchismes et rituels contenant l’ensemble des enseignements à retenir. Dans ce dernier cas, qui est la position de l’auteur, il est évident que le rite rectifié ne pose aucun problème eu égard aux dogmes chrétiens, condition préalablement posée comme indispensable à toute initiation chrétienne. Il suffira de considérer la profession de foi des Chevaliers dans laquelle sont présentés les principes de foi soutenant les enseignements du rite, et qui reprend l’ensemble des articles de foi et dogmes exposés dans le Credo. Ceci a été largement exposé dans l’ouvrage déjà cité[2]. De même, la règle maçonnique de la classe symbolique exprime clairement la christologie chrétienne et l’économie du salut opérée par le Christ. Les préceptes chrétiens sont exposés dans les instructions et l’adhésion aux principes évangéliques est exprimée par la règle citée qui affirme que « l’évangile est la loi du maçon ». Le problème serait alors réglé.

Cependant, l’affirmation d’un soi-disant caractère problématique des instructions de la Profession vis à vis des classes officielles du Régime, oblige à reconnaître implicitement que cette 3ème classe, dont l’auteur nie pourtant la légitimité, est bien la dernière du Régime.

Ceci est le premier paradoxe qu’il fallait relever. Mais, passons outre car, étant en accord avec cette reconnaissance, il convient de se concentrer sur la seconde incompréhension.

Celle-ci consiste à déclarer que lesdites instructions « peuvent contredire » les principes de la foi exposés dans les deux premières classes, manifestant ainsi une « schizophrénie spirituelle » qui les disqualifie ainsi que toute la classe de la Profession. Mais, en fait il n’en est rien. En effet, les instructions de la Profession sont d’une autre nature que celles des classes antérieures et apportent des explications, ou compléments, n’ayant aucun impact sur les principes de foi présentés dans lesdites classes. Leur nature métaphysique les rapproche essentiellement des thèses théologiques relevant de la Tradition de l’Eglise. Apparaît donc un nouveau problème : où donc s’arrête l’exigence chrétienne dont il avait été précédemment dit qu’elle était limitée aux seuls dogmes exposés dans le Credo ? Cela ne semble plus être le cas pour l’auteur qui change radicalement de point de vue. Il faudrait donc maintenant juger de la conformité chrétienne en prenant en considération l’ensemble de la théologie de la Tradition chrétienne, ce qui est un tout autre exercice. Une question fondamentale se pose alors : que doit-on exiger des hommes pour les reconnaître comme chrétiens ? Doit-on exiger d’eux une adhésion formelle à l’ensemble de la doctrine de la foi, issue de la théologie et de la Tradition chrétiennes, et exposée dans les résultats des conciles, dans les catéchismes des différentes confessions et dans la littérature patristique ? Et si oui, quels seraient les hommes assez éclairés pour en juger et ceux pouvant être admis dans la communauté des chrétiens ? L’Église, dans sa grande sagesse, a décidé de n’exiger des futurs baptisés qu’une profession de foi et leur adhésion au message évangélique. Simplement parce que la profession de foi présente les dogmes définis dans les quatre premiers conciles - fondateurs de la foi chrétienne - et communs à l’ensemble des confessions chrétiennes. L’auteur semble donc être plus exigeant que l’Église ne l’est elle-même. Voici une bien grande singularité.

Se présente alors un nouveau paradoxe relatif à la nature des enseignements mis en cause. Le lecteur s’attendra à ce qu’on lui expose les thèses des instructions secrètes de la Profession « en délicatesse » avec les articles de la foi chrétienne, affirmés dans le Credo, et donc avec les instructions des classes précédentes. Cependant, il n’en est rien, l’auteur s’employant à mettre en cause les enseignements de Martines de Pasqually aux Élus Coëns, exposés dans le Traité sur la réintégration des êtres, et non pas ceux de la Profession qui ne sont jamais cités. Sont alors énumérés les vieux marronniers des détracteurs de Martines de Pasqually qui jugent, à la seule lumière de son Traité - et non pas sur l’ensemble du corpus doctrinal des Élus Coëns -, de l’incompatibilité de certaines propositions avec les principes de foi de l’Église. En fait, la critique se fonde sur une lecture selon la lettre et une interprétation radicale - et même caricaturale - des propositions doctrinales de Martines de Pasqually. Le texte est forcé sous un aspect gnostique qui en réjouira certains. Ainsi, la cosmogenèse et l’anthropologie martinésistes sont très brièvement exposées sous les angles de la nécessité et de la punition, toute notion de libre amour divin étant exclue. Or, comme indiqué dans Martines de Pasqually et les Élus Coëns[3], une autre lecture peut (doit ?) être faite. Inutile d’y revenir et concluons directement que, suivant la lecture proposée dans cet ouvrage, il n’y a dans la doctrine de Martines de Pasqually aucune nécessité répondant à une contrainte extérieure au Créateur. Il y a un simple acte d’amour envers toute forme d’émanation et de création. La « nécessité » évoquée est d’ordre ontologique et réside dans l’essence même de Dieu : c’est celle de l’amour. Car Dieu n’aime pas, mais Il EST amour, et tout ce qu’il produit est l’effet de cette essence. La nécessité c’est l’immuabilité divine ne permettant pas à cette essence quelque variation que ce soit.

L’auteur aborde ensuite la christologie de Martines de Pasqually. Comme l’ouvrage déjà mentionné[4] l’expose, celle-ci est parfois ambiguë relativement à la double nature du Christ. Car, si Martines reconnaît cette double-nature, il affirme paradoxalement que le Christ n’a pas souffert pendant sa Passion. Non pas du fait qu’il ne fût plus homme (pas de docétisme), mais du fait que l’esprit de l’homme était alors exalté comme celui de certains martyres qui sont sacrifiés sans souffrance. C’est un point énigmatique, non conforme à la Tradition, qui s’inspire peut-être de l’idée suivante. L’icône orthodoxe de la crucifixion représenterait la souffrance du Christ comme transfigurée par une sérénité profonde qui est en quelque sorte anticipation de la paix pascale, en même temps que signe de sa seigneurie dans la passion et dans la mort volontairement acceptées par Lui. « Le Sauveur en croix n’est pas simplement un Christ mort, c’est le Kyrios, Maître de sa propre mort et Seigneur de sa vie. Il n’a subi aucune altération du fait de sa Passion. Il demeure le Verbe, la Vie éternelle qui se livre à la mort et la dépasse » (Saint Jean Chrysostome). Notons cependant que, le Traité étant inachevé, la christologie martinésiste n’a pu être développée, ce qui est fort regrettable. Peut-être nombre de propositions auraient-elles été éclaircies.

Quoi qu’il en soit, le plus important, pour le rite rectifié, est de rappeler que l’ensemble des critiques de l’auteur porte sur des enseignements de Martines de Pasqually et non sur les instructions de la Profession. Ceci est particulièrement incongru car, bien que trouvant leur origine dans lesdits enseignements, les instructions apportent, aux objets présentés, de nombreuses et profondes nuances et précisions introduites par J-B Willermoz lors de leur rédaction. La double nature du Christ y est exposée sans ambiguïté et sa mission rédemptrice y est mise en exergue. La christologie est éclairée et redressée là où elle pouvait laisser des zones d’ombre et sembler biaise, la rendant ainsi conforme à la foi chrétienne. De même, à la notion de nécessité créatrice se substitue celle de « cause occasionnelle » ayant « déterminé » Dieu à créer. Et la détermination est le fruit d’une décision supportée par la volonté, et non pas la réponse à une contrainte ou obligation extérieure. Willermoz a donc, là aussi, clarifié et amendé la pensée de son maître Martines. Le catéchisme de l’église catholique enseigne que « la création est le fondement de « tous les dessins salvifiques de Dieu », « le commencement de l’histoire du salut » »[5]. Il lie donc la création au salut, et s’il y a salut c’est qu’il y a eu chute. Et quelle chute ? Certainement celle des anges, comme Martines l’expose, la création de l’univers précédant la formation de l’homme qui la couronne. Cette chute est aussi l’apparition du mal dans la création ; mal que le Créateur veut contracter par le bien. La création serait donc liée à cette « cause occasionnelle » de chute donnant lieu à une volontaire économie du salut ; volonté animée par l’amour et le bien.

Il ressort de tout ceci que, contrairement aux allégations de l’auteur, les instructions de la Profession ne présentent pas de problème particulier pour un chrétien et ne rentrent pas en contradiction avec les enseignements des autres classes du Régime. Cependant, en dépit de tout cela, l’auteur invite les puissances maçonniques rectifiées à dénoncer officiellement la Profession.

En revanche, certaines affirmations de l’auteur sont problématiques eu égard à la Tradition chrétienne ; ce qui constitue le plus grand paradoxe de l’étude proposée. En affirmant que les thèses de la kabbale chrétienne - exposées entre autres par Pic de la Mirandole et Joachin Reuchlin - doivent être le fondement de la métaphysique de tout esoterikos (et donc des enseignements du Régime rectifié) l’auteur oublierait-il que nombre des propositions de ladite kabbale, même christianisée, restent incompatibles avec les enseignements de l’Église et ont été maintes fois condamnées par elle ? Même si Pic de la Mirandole et Reuchlin présentent une vision très orthodoxe d’une kabbale, dite chrétienne, il n’en demeure pas moins que celle-ci ne peut être circonscrite à ces seuls auteurs et que bien d’autres s’éloignent de cette orthodoxie. Ainsi, comment l’auteur peut-il adhérer à certains concepts repris par Guillaume Postel et Knorr von Rosenroth, tels que la préexistence des âmes et leur transmigration ou révolution ? Comment peut-il accepter l’assimilation du Christ à l’Adam Kadmon, qui n’est en fait qu’une figure primitive s’apparentant au concept platonicien du logos siège des idées créatrices ? Même si, en forçant les textes kabbalistes et bibliques, certains kabbalistes chrétiens présentent Adam Kadmon comme un homme principiel émané, recevant la plénitude de la lumière et des attributs (sephiroth) divins, porteur de la volonté créatrice divine et ressemblance parfaite avec le Tout-puissant, ces qualités sont insuffisantes pour l’assimiler au Logos, Verbe de création et encore moins au Christ qui est Dieu, hyposthase et non pas émanation, consubstantiel au Père et à l’Esprit Saint.[6]

Selon le même rapprochement kabbalistique, l’étoile flamboyante à six pointes, du 4ème grade de Maître Écossais de St André, est assimilée au bouclier de David qui, suivant la kabbale, figure au corps de l’homme et à ses cinq niveaux d’âme. Le triangle pointant en haut se rapporterait à la partie de l’homme participant de la nature divine, avec les trois niveaux supérieurs de l’âme Neshamah, Hayah et Yechidah. Le triangle pointant en bas figurerait quant à lui les deux niveaux inférieurs de l’âme Ruach (intelligence, raison, volonté, sentiments, affections, imaginaire, expérience et siège du libre-arbitre) et Nephesh (force vitale et sensitive) auxquels s’ajoute Gouf, le corps. Il figure donc à l’homme animal et intellectuel. Cette interprétation se rapproche de l’explication du catéchisme du grade qui présente ces triangles comme figurant à la double nature corporelle et spirituelle de l’homme. L’initiation secrète de la Grande Profession associe, quant à elle, le centre de ce sceau à l’âme animale de l’homme (Nephesh), qui unit les deux autres composantes susnommées. Les symboles et la lettre H, inscrits en son centre, sont en rapport avec le conducteur éclairé qui guide l’homme. Nous ne pouvons en dire plus mais on constate que la symbolique rectifiée ne concorde pas avec celle de la kabbale. D’ailleurs, les instructions de la Profession donnent de la tripartition corps, âme et esprit une définition assez différente de celle de la kabbale, l’esprit rassemblant une partie de Ruach et les trois niveaux supérieurs de l’âme. Contrairement à ce que prétend l’auteur, la kabbale ne peut constituer une grille de lecture du rite rectifié, même si des similitudes instructives peuvent apparaître régulièrement.

La volonté de rectification de ce qui l’a déjà été, en s’appuyant sur la kabbale dite chrétienne, devient alors incompréhensible. Fondée sur des raisonnements erronés et des paradoxes, elle laisse supposer une intention particulière ou un objectif encore caché. L’auteur le dévoile en déclarant souhaiter que les « hommes d’église puissent voir avec intérêt et bienveillance l’action spirituelle proposée » par le rite écossais rectifié. Le désir ardent serait donc de voir un jour l’Église - supposée catholique romaine tant sont nombreuses les références aux dogmes du Sacré cœur et de l’Immaculée conception - reconnaître cette maçonnerie chrétienne. Et pour cela, il faut s’assurer que les enseignements du rite apparaissent, dès le premier abord, en totale conformité avec l’ensemble des enseignements et Traditions de l’Eglise, et donc lever toute difficulté. Réel objectif visant le bien du rite ou chimère poursuivie par un petit groupe d’hommes cherchant à rentrer en paix avec leur conscience ? Quoi qu’il en soit, l’entreprise est vouée à l’échec. En effet, l’Église aura non seulement du mal à opérer une distinction entre les différentes formes de franc-maçonnerie mais n’adhérera de toute façon pas aux thèses kabbalistiques proposées comme bases de la voie initiatique chrétienne, et supposées éclairer l’initiation rectifiée. Faut-il alors, pour tenter un impossible projet, prendre le risque de semer le trouble au sein des maçons pratiquant ce rite ? Surtout quand on sait qu’un Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte est tenu par devoir de « ne pas se livrer avec ses frères à de stériles discussions dogmatiques »[7].

Il serait certainement plus sage de laisser le rite rectifié à sa place. Il serait même opportun de ne pas entraîner les frères rectifiés dans des considérations et des questions qu’ils ne se posent jamais, et les laisser vivre leur rite en conformité avec leur foi et leur vie dans l’Église du Christ.

En dépit de ces importantes lacunes, l’ouvrage présenté comporte quelques intéressants exposés théologiques, kabbalistiques et métaphysiques dont les plus nourris concernent le corps de gloire, la résurrection et les noms divins. En cela, il éclairera le lecteur en recherche d’éléments théologiques et initiatiques traditionnels. Mais, pour autant, son analyse de la doctrine et de l’ésotérisme du rite rectifié est défaillante. Et, pour ce motif, il ne peut en aucun cas justifier une quelconque entreprise de rectification du Régime et du rite rectifié, dans le seul et unique espoir d’obtenir les faveurs du clergé. Une telle entreprise, dans un domaine relevant de l’initiation théosophique et ésotérique et non pas de la théologie ni de la mystique, s’avèrerait dépourvue de sens et même nuisible. Malheureusement, c’est ce qui semble visé. On ne peut que le déplorer.


[1] D. Vergnolle, L’épopée des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte et de leur Profession, La Tarente, 2021.

[2] Idem.

[3] D. Vergnolle, Martines de Pasqually et les Élus Coëns : exégètes et ministres du judéo-christianisme, La Tarente, 2019

[4] Idem.

[5] Catéchisme de l’église catholique, édition définitive, Paris 1998, §280, p. 68

[6] Commentaires de Knorr von Rosenroth dans son Adumbratio Kabalae Christianae, inspiré de la kabbale Lourianique, et tirant les textes de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance afin d’arriver à un rapprochement le plus systématique entre kabbale juive et christianisme. De son aveu, Knorr fait plus souvent appel dans son travail à une réflexion philosophique que théologique.

[7] Rituel d’armement de Chevalier, Formule des devoirs généraux

Commenter cet article